L’agglomération
d’Antananarivo1 déplore actuellement un taux record de victimes des intempéries
: les pluies diluviennes engendrées par la Zone de Convergence Intertropicale et la tempête tropicale Chedza.
50 000 sinistrés et 30 000 personnes déplacées ont été recensés à la suite de
l’inondation de la plaine d’Antananarivo. Tandis que plus de quelques dizaines
d’accidents, causant des dégâts matériels et des pertes en vie humaine, ont été
dénombrés à la suite des mouvements de terrain sur les hauteurs de la ville (les
quatre principales buttes et les collines alentours).
S’agissant
des mouvements de terrain qui affectent les zones élevées d’Antananarivo, ils
sont dus principalement à la dégradation et à l’altération des roches,
provoquant ainsi des éboulements et des chutes isolées de bloc, de même que la saturation
du sol, entraînant des éboulements de terrain. D’autres mouvements de terrain
difficilement perceptibles sont également constatés et se manifestent à travers
les fissures sur les constructions et l’effondrement des chaussées.
En effet,
les mouvements de terrain qui affectent les zones élevées d’Antananarivo
proviennent principalement de la saturation du sol là où il n’y a pas
d’affleurement rocheux et l’altération de ces dernières. De plus, on assiste à
des chutes de blocs rocheux, dont les supports ont été emportés par l’érosion
(terres, végétaux,…) qui augmentent le risque d’accident sur ces hauteurs.
D’autres mouvement de terrain difficilement perceptibles sont également à
déplorer et sont constatés à travers les fissures sur les édifices et
l’effondrement des chaussées. Avec ces divers mouvements de terrain, il faut remarquer
le phénomène important d’érosion qui charrie, après de fortes pluies, du sable
et de la terre que l’on retrouve à Mahamasina, dans les vallées de
Manakambahiny, d’Ambatoroka… Outre ces phénomènes naturels, les accidents sur
les hauteurs de la ville d’Antananarivo sont dus aux constructions, pour la
plupart illicites : squattérisations, constructions sans autorisations,
constructions non conformes avec l’autorisation de construire. De surcroit,
elles sont mal construites : non maîtrise des techniques de construction sur
les terrains en pente, illustrée par la mauvaise qualité des travaux de terrassement,
la médiocrité des drainages des murs de soutènement, des fondations et des
soubassements peu profonds ; de plus faits de terre ces derniers sont
facilement ravinés par les eaux de ruissellement. Et surtout, elles sont
localisées sur des zones non constructibles, donc à risques. L’occupation
anarchique et abondante de ces espaces accentue la problématique déjà existante
de l’assainissement (canaux sous dimensionnés et en nombre insuffisant,…). En
somme, ces constructions illicites témoignent d’une dégradation de la qualité
de vie sur ces quartiers (pas d’installations sanitaires,…).
Pour y
remédier, des dispositions d’urgence doivent être prises : installation
d’ouvrages de soutènement, végétalisation et drainage de certaines zones à haut
risque.
Dans certains quartiers de la capitale, les constructions devront être
interdites et d’autres autorisées suivant certaines conditions, principalement
la maîtrise parfaite des techniques de construction sur les terrains en pente.
Ces éléments rentrent dans le cadre d’une réglementation d’urbanisme de base et
de son application qui demeure jusqu’à présent quasi inexistante. Et ce, depuis
la demande de permis de construire (cartes et plan de la construction,…) en
passant par l’observation sur terrain et la délivrance du permis d’habiter.
L’administration se doit donc de disposer d’études et de travaux techniques sur
ce sujet rare - A notre connaissance, une étude sur la gestion des risques
inondation et mouvement de terrain à Antananarivo (GRIMA) est en cours de mise
en œuvre grâce à un cofinancement de l'Union européenne au titre du FEDER de
coopération territoriale et d'une contrepartie nationale de la Région Réunion
sur le territoire de la Commune Urbaine d’Antananarivo.
De même, les règlements
ainsi que leur respect et leur application, mais essentiellement le contrôle et
le suivi, se doivent d’être plus rigoureux pour éviter d’augmenter le risque d’accident.
Les constructions existantes sans permis de construire doivent régulariser leur
situation tandis que les intentions de constructions illicites doivent être
entravées.
La sensibilisation et la conscientisation de la population se doit
d’être forte à travers la culture du risque (prédestination, c’est-à-dire
comportements, attitudes,…à réagir face à un risque) qui pourraient se traduire
dans un premier temps par le déplacement vers des zones moins risquées lors de
fortes pluies.
Les zones d'instabilité sur la principale colline d'Antananarivo
Source : Iravaka Helitiana RANDRIANARIVO. Contribution à l’étude géomorphologique de la principale butte d’Antananarivo, Mémoire de Maîtrise en Géographie, Département de Géographie, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université d’Antananarivo, 2012.
1. Le site d’Antananarivo est constitué de quelques semis de collines, de quatre principales buttes séparées par des vallons, et de la grande plaine de Betsimitatatra avec les communes limitrophes
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